« Robert Maistriaux donne un exemple d’expérimentation caractérielle conduite avec rigueur, patience et précision. Mais en même temps, il n’oublie jamais les limites de l’analyse mathématique en
matière de compréhension humaine. De là chez lui, ce va et vient incessant entre l’analyse quantitative des facteurs caractériels et l’intuition en profondeur des réalités singulières.
N’est ce pas là un mouvement d’oscillation qui donne aux démarches du psychologues leur authenticité ? »
Ce paragraphe d’Edouard Morot-Sir, extrait de la préface de l’ouvrage l’Intelligence et le Caractère de Roger Maistriaux (Collection Caractères – PUF – 1959), résume bien l’état
d’esprit du caractérologue et la relation qu’il entretient avec son domaine de connaissance.
La caractérologie se trouve à un point d’équilibre entre le souci d’honnêteté et de rigueur scientifique et la conscience vive que la connaissance des hommes ne repose pas que sur une approche
purement rationnelle et cartésienne. La catégorisation en classes statistiques ne rendra jamais parfaitement compte de la richesse et de la complexité des personnalités.
Finalement, la caractérologie trouve sa consistance dans l’Idiologie que René Le Senne commença à décrire dans son traité de caractérologie.
Comment concilier ces deux facettes de la caractérologie qui peuvent sembler contradictoires ? D’un côté objectivité scientifique et de l’autre intuition
subjective…
L’unité de la caractérologie se trouve dans l’observation de la réalité. Qu’elle soit le fait d’une enquête avec traitement statistique ou le fait d’un entretien entre deux personnes, l’approche
du caractérologue repose sur l’observation et donc sur une démarche préalablement inductive.
La caractérologie peut donc revendiquer le qualificatif de réaliste.
C’est finalement ce qui doit rassurer le caractérologue : la caractérologie n’est pas un système d’interprétation qui enfermerait l’humanité dans des catégories cloisonnées, mais
les résultats des travaux scientifiques donnent au caractérologue des points de repère, des tendances qui permettent d’éviter dérives et fantaisies dans ses appréciations.
Finalement, que faut-il pour devenir un caractérologue ? Il faut apprendre à observer mais il faut aussi affiner la connaissance des travaux de nos prédécesseurs. La caractérologie est exigente :
elle n’ouvre sa richesse qu’au fur et à mesure du travail de confrontation entre les observations personnelles et les travaux consignés dans les nombreux ouvrages.
C’est ce mouvement d’oscillation dont parle Edouard Morot-Sir qui enrichit le caractérologue et qui rend la caractérologie passionnante et si proche des réalités humaines.