L'émotivité est un sujet fréquemment abordé dès que l'on parle de connaissance de soi : gestion des émotions, intelligence émotionnelle, rôle des émotions dans le management, les relations, le commerce. J'ai souvent
remarqué au cours de formations, que beaucoup de personnes en parlent sans être capable de la définir, ni de la décrire précisément.
Il me semble que la première étape dans l'approche de la gestion de l'émotivité, est de bien comprendre ce que c'est, de l'identifier, d'en
comprendre le fonctionnement.
Je ferai en préambule une
remarque : l'émotivité est modulée dans ses manifestations par d'autres facteurs de la personnalité. Il serait trop restrictif de se contenter de chercher à comprendre une personnalité à travers
son degré d'émotivité et ses modalités. Toutefois, il est clair que c'est un facteur important de la personnalité et que ses conséquences dans le comportement et les relations humaines sont
importantes.
Qu'est ce que l'émotivité ?
Voici quelques définitions données par les caractérologues :
« Etre ému, c'est être troublé » Gaston Berger in Traité Pratique
d'Analyse du Caractère
René Le Senne décrit ce trait général de notre vie mentale qui fait que tout événement subi par nous
(perception ou pensée) provoque dans notre vie organique et psychologique un ébranlement plus ou moins fort : « l'événement agit comme un agent de déflagration ; une quantité plus ou moins grande
d'énergie, antérieurement en réserve dans notre organisme, est libérée. » in Traité de Caractérologie.
« L'émotivité est la facilité à éprouver des troubles dont l'importance est hors de proportion avec les stimulations d'origine externe
(évènements, situations) ou internes (pensées, sentiments) qui en sont la source » Source revue La Personnalité - 2004-46 - SIEPEC - ISSN
0247-204X
Il ressort donc que l'émotivité est cette capacité que nous avons tous à être ébranlé psychologiquement et/ou
physiologiquement par une influence intérieure ou extérieure.
Nous notons également que chacun de nous a un degré d'émotivité plus ou moins marqué, un seuil
d'excitabilité plus ou moins élevé.
D'autre part, les stimuli provoquant l'émotivité sont variés selon les personnes : situations relationnelles, circonstances, pensées,
perceptions sensibles (musique, poésie, spectacle, pleurs, évocations, rires, odeurs...)
Etant donné la grande variabilité, il est impossible d'en établir une liste exacte.
Pour une même personne, l'émotivité peut varier (en plus ou en moins) avec la fatigue, la maladie, l'histoire personnelle (perte d'un proche par
exemple).
« Cette sensibilité à l'événement qui va évoluer au cours de l'existence et qui peut être masquée ou maîtrisée bien que toujours sous-jacente,
peut prendre dans la vie des formes différentes, voire opposées, de la violence destructrice jusqu'à la créativité la plus sublime et susciter souffrance ou joie intense, enthousiasme ou haine
avec des passages parfois de l'un à l'autre. » Claude Guilmault - La Nouvelle Caractérologie Comportementale.
Continuons plutôt à essayer de cerner cette notion d'émotivité.
Etes-vous émotif ? Quelques symptômes
La conséquence de cette réaction organique et psychologique peut être d'intensité variable, plus ou moins durable et se traduire par des effets
viscéraux intérieurs (accroissement de la conscience de l'émotion) ou par des réactions sur le monde extérieur.
La première remarque importante est que l'émotivité ne se manifeste pas forcément par des symptômes extérieurs évidents à l'observation. Elle
peut rester sous forme de « crise intérieure » et se manifester par des petits signes discrets : changement de la modulation de la voix, légère mimique sur le visage, geste parasite...
Voici quelques points de repère pour détecter l'émotivité chez vous ou dans votre entourage. Encore une fois, il ne s'agit pas d'une liste
exhaustive, mais plutôt de points de repères que vous pourrez enrichir par votre expérience personnelle et vos observations.
Dans ses études statistiques, René Le Senne identifie les symptômes les plus courants de l'émotivité :
utilisation de superlatifs, de mots excessifs...
On peut également trouver dans la liste des symptômes de l'émotivité :
impressionnable, subjectivité...
La personne chez qui l'émotivité est vive est souvent l'objet de tension nerveuse, de tension intérieure.
On peut également la repérer par des attitudes :
Sous l'emprise de l'émotivité, la personne sursaute à un bruit soudain, est troublée par une nouvelle
imprévue, éprouve de grandes joies ou de grandes tristesses, ne peut faire un travail que s'il plaît, est très sensible à l'ambiance, prend tout très à coeur (peut se montrer facilement blessé,
est susceptible en cas de critique ou au contraire heureux en cas de compliment), donne trop d'importances à de petites choses...
Voilà une première approche qui vous permettra peut-être de mieux vous y retrouver. N'hésitez pas à enrichir ces observations par vos
commentaires.
Nous verrons dans un autre article, quelles sont les conséquences de l'émotivité dans les relations humaines et dans l'activité
professionnelle.