Après avoir cerné les ressorts de l'émotivité, je vous propose maintenant d'en voir les conséquences, et plus
précisément les avantages et les points de vigilance. Les traits que je vais donner constituent le fond de l'émotivité mais ces effets peuvent varier en intensité et en qualité en fonction selon
les circonstances, des personnes et de l'association à d'autres facteurs du caractère (activité et retentissement essentiellement).
Effet sur les capacités cognitives
L'émotivité peut vivifier les capacités cognitives ou les troubler. L'émotivité teinte l'intelligence
d'intuitivité, de capacité à « sentir » les réalités avec tout le risque de subjectivité qui en découle, de
fourmillement imaginatif, créatif et même de capacités artistiques. L'intelligence émotive est plus pénétrante qu'abstraite.
L'émotivité conserve à l'intelligence une capacité d'émerveillement aux perceptions, un « oeil neuf ». Elle prédispose, par exemple, au goût pour
les activités artistiques.
L'émotif peut être submergé par les impressions sensibles, d'où un risque de débordement par la pression de l'environnement, par des activités
multiples, un risque de dispersion, qui conduit à un trouble du jugement, du discernement et à la difficulté de prendre du recul.
L'émotivité va également influer sur le niveau de perturbation de la personne en cas d'échec.
Elle peut conduire à une mauvaise appréciation de l'importance réelle des risques, des obstacles, à un manque de réalisme, d'où le risque de se «
faire une montagne » des choses.
Le « sur-émotif » peut également être déconcerté par des données nouvelles et imprévues qu'il va avoir du mal intégrer.
Effets sur la capacité d'action
Comme pour les capacités cognitives, l'émotivité peut renforcer, stimuler les capacités d'actions ou au
contraire les paralyser, les amoindrir.
Par exemple, dans la conduite d'un projet où l'émotif trouve un intérêt de départ, elle peut renforcer l'énergie de démarrage, l'allant initial,
elle peut être un facteur de soutien pendant la réalisation. Poussée à l'extrême, cette interaction dynamisante entre l'émotivité et l'activité peut conduire à l'usure, au surmenage, par
sur-estimation des limites organiques.
Elle peut aussi avoir un effet contraire et conduisant donc plutôt à un risque d'instabilité, d'action par saccades, de
désorganisation.
Elle peut entraîner un décuplement de l'activité sous l'influence d'un choc émotionnel : le sujet opère des prélèvements d'énergie sur ses
réserves profondes. En cas d'évènements graves, l'émotif peut se transformer en héros. L'émotivité a dans ce cas un impact évident sur la réactivité. Il
peut aussi être paralysé.
Enfin, l'émotivité peut conduire à la lassitude devant la régularité de tâches à accomplir : il faut alors varier les aspects de sa fonction pour
entretenir l'intérêt
Effets sur les relations humaines
« La réponse émotionnelle, variée et contrastée souvent, mais toujours perturbatrice, suit immédiatement la stimulation » Source revue La
Personnalité ? 2004-46 ? SIEPEC
Ce qui implique dans la relation humaines des risques d'irritabilité, de réactions déconcertantes pour
l'entourage (éclats, bouderies, rumination affective, susceptibilité, versatilité dans les affections, agressivité).
L'émotivité donne une grande réceptivité et de la châleur dans les relations. Mais l'émotivité faisant subir fortement les influences du milieu,
elle peut mettre en défaut la maîtrise de soi.
Il faut bien sûr mentionner le décalage de perception réciproque entre une personne peu émotive et une
personne plus émotive. Le « sur-émotif » peut regarder le « sous-émotif » comme quelqu'un de froid, de distant, manquant d'élan, lent. Inversement, le « sous-émotif » peut regarder le «
sur-émotif » comme un agité, dispersé, superficiel, peu fiable...
C'est là un facteur de nombreuses incompréhensions entre personnes. Harmoniser les relations par la mise en évidence des différences et des
complémentarités est aussi le rôle d'une formation à la caractérologie.
Conclusion
Retenons en synthèse que l'émotivité peut agir de deux façons sur le relationnel, la capacité d?action et sur les capacités cognitives :
dynamisante ou perturbantes.
Comme on peut le voir, l'émotivité est une richesse de la
personnalité qu'il faut apprendre à connaître dans sa nature et apprendre à reconnaître dans son fonctionnement en chacun de nous. La prise en compte de l'émotivité est également
incontournable dans toute approche de gestion du stress ou de gestion de l'agressivité.
C'est ce que permet une formation à la connaissance des caractères : découvrir les modalités d'action de
l'émotivité en soi et chez les autres, apprendre à mieux gérer ses conséquences dans les relations et dans l'activité professionnelle. Sans oublier que la maîtrise de soi passe par une fine
connaissance de soi.