Lorsque j’interviens dans les entreprises, je plaide toujours pour que les managers apprennent à observer leurs
collaborateurs pour mieux les connaître. Il ne s’agit pas de transformer les managers en spécialistes de la psychologie mais de leur en donner les bases fondamentales dans leur activité et
surtout de leur en donner le goût, ce qui n’est pas évident au premier abord.
Pour leur donner ce goût
de la psychologie, qui va enrichir leur management et la personnalisation des relations dans leur équipe, je
m’attache à leur apporter les points de repères indispensables en matière de connaissance des caractères, et surtout à leur apprendre à observer et décrypter les comportements et réactions au
quotidien.
La première étape est d’être capable de repérer et de mettre des mots sur ce qui se passe au lieu d’avoir l’impression de subir les réactions des
uns et des autres, sans savoir trop ni pourquoi, ni comment…
Cet exercice de l’observation des caractères et de l’enrichissement quotidien à travers les échanges habituels est quelque chose qui en général
leur parle, démystifie le côté psy compliqué, et reste concret et réaliste.
Pour illustrer mes propos, je vous rapporte les remarques de deux spécialistes de la psychologie :
Alfred BINET, un des fondateurs de la psychologie d’observation et d’expérimentation, demandait dès 1908
qu’on entraîne les futurs psychologues à « l’observation et à l’expérimentation, de les inviter à observer eux-mêmes dans des cas précis, à débrouiller l’écheveau d’un phénomène ».
Quelques décennies plus tard, Roger MUCCHIELLI, va dans le même sens :
« Apprendre à regarder et à écouter, apprendre à décrire, semble effectivement la tâche première de tout enseignement de la
psychologie. De ce point de vue, on est endroit de se demander si cet enseignement ne faillit pas à sa tâche en cherchant trop souvent à faire apprendre des théories, des conceptions générales
explicatives, ou à entraîner les étudiants à interpréter les phénomènes plus qu’à les observer. Expliquer à partir de théories toutes faites et interpréter en fonction de clés considérées comme
des vérités définitives, ne développe en aucune façon l’attitude scientifique. En psychologie, comme en toute science, l’activité fondatrice du savoir est l’observation des phénomènes
».
in « L’observation psychologique et psychosociologique » - Roger MUCCHIELLI – éditions
ESF.
Il me semble que ces remarques pourraient s’appliquer aussi à l’initiation psychologique en entreprise.