Alors que de nombreuses théories, plus ou moins psychologiques développés depuis une quarantaine d’années, avancent des
prétentions scientifiques difficiles à prouver, la caractérologie moderne voit ses fondations reposer sur un réel travail scientifique. En voici les principales étapes.
L’enquête d'heymans et Wiersma
Heymans et Wiersma bâtissent une liste de 90 questions. L’objectif est de mettre en évidence une tendance héréditaire de certains traits
psychologiques entre parents et enfants.
Parmi ces 86 questions, certaines sont doubles ou triples et classées en 6 chapitres :
Sentiments
Fonction secondaire
Intelligence
Inclinations
Divers
Le détail du questionnaire est donné en annexe du Traité de caractérologie de R. Le
Senne.
Entre 1905 et 1908, ce questionnaire est
distribué auprès de 4000 médecins néerlandais et alemands. Ils doivent répondre aux questions posées sur le caractère des membres de familles qu’ils connaissent bien.
Ils reçurent en retour 3000 questionnaires remplis, dont seulement 2523 furent retenus et dépouillés, les autres étant écartés car incomplets ou ne présentant
pas toutes les garanties de sincérité.
Le laboratoire d'Heymans
Pour la première fois dans le domaine des sciences humaines, un traitement statistique fut appliqué à ces données.
« Les statistiques hollandaises firent apparaître une courbe à 8 sommets, montrant la présence de 8 espèces caractérologiques
stables dans la population échantillon ».
Roger Mucchielli in La caractérologie à l’âge scientifique.
Afin de définir les composantes stables de ces huit types cliniques, Heymans et Wiersma poussèrent plus loin l’analyse et isolèrent trois propriétés
fondamentales et stables :
Avec un réel souci de rigueur scientifique, les deux chercheurs conduisirent une enquête biographique portant sur 110 personnes (nationalités, sexes et
professions différentes). Les résultats corroborèrent ceux de la première enquête (publication dans la revue Zeitschrift für angewandte Psychologie – Leipzig –
de 1905 à 1909).
Le détail des publications ainsi que des résultats est donné par R. Le Senne dans le Traité de caractérologie, p52 à 56.
D’autres publications en 1916 puis 1927 confirmèrent ces bases.
L’école FrancoHollandaise
R. Le Senne traduit ces publications en français en 1925, et poursuit les travaux en 1930 avec le mensonge et le caractère où il croise la
typologie de Heymans et Wiersma avec des statistiques sur le mensonge.
Ses travaux l’amènent à introduire d’autres facteurs : largeur du champ de conscience, intelligence analytique, égocentrisme et allocentrisme.
Gaston Berger publie en 1950 un questionnaire (in Traité pratique d’analyse du caractère) basé sur une formule
caractérologique à 9 facteurs (voir article sur les facteurs du caractère).
En 1959, Gauchet et Lambert reprennent tous ces travaux à la lumière des nouvelles méthodes statistiques, en particulier de l’analyse factorielle. Les trois
propriétés (émotivité – activité - retentissement) ressortent bien comme indépendants (étude de discriminabilité statistique).
« La méthode des caractérologues n’est pas sans analogie avec celle des factorialistes ; Gauchet et Lambert confirment
l’existence des trois facteurs fondamentaux de Heymans et Wiersma. » in Simone Clapier-Valadon, Les théories de la personnalité, P.U.F. 1991, coll. « Que sais-je ? », p.
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Fondements solides et richesse humaine
Pour conclure, il ne faut bien sûr pas enfermer la caractérologie franco-hollandaise dans un domaine purement mathématique.
Si une structure solide est donnée ainsi, la part reste entière au caractérologue par son observation, par l’échange, par son expérience, par sa capacité
d’analyse et de synthèse, par son intuition de cerner ce qui fait l’originalité et la richesse d’une personnalité.